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conséquent, peu clairement marquée, enfin avec le g , par suite de l’affinité intime qui unit ce dernier son au w , principalement dans les langues celtiques (1)[1]. Citer trop d’exemples de l’application de cette loi de muabilité serait ici hors de place ; mais comme il n’est pas sans intérêt pour le sujet même que je traite, d’en alléguer quelques-uns, en voici des principaux :

Πάν et faunus sont corrélatifs de forme et de sens au persan péri, une fée, et, en anglais, à fairy, et en français, à la désignation générale de féerie, et en suédois à alfar, et en allemand à elfen (2)[2]. Dans le kymrique, on a l’adjectif ffyrnig, méchant, cruel, hostile, criminel, qui se trouve en parenté étymologique bien remarquable avec ffur, sage, savant, et furner, sagesse, prudence, d’où est venu notre mot finesse (3)[3]. C’est ainsi que gan, wen, khorr et genius, et fen, sont des reproduction altérées d’un seul et même mot.

Les dieux appelés par les aborigènes italiotes, et par les Étrusques, genii, étaient considérés comme supérieurs aux puissances célestes les plus augustes. On les saluait des titres celtiques de lar ou larth, c’est-à-dire seigneurs, et de penates, penaeth, les premiers, les sublimes. On les représentait sous la forme de nains chauves, fort peu avenants. On les disait doués d’une sagesse et d’une prescience infinies. Chacun d’eux veillait, en particulier, au salut d’une créature humaine, et le costume qui leur était attribué était une sorte de sac sans manches, tombant jusqu’à mi-jambes.

Les Romains les nommaient, pour cette raison, dii involuti, les dieux enveloppés. Qu’on se figure les grossiers Finnois revêtus d’un sayon de peaux de bêtes, et l’on a cet accoutrement peu recherché dont les auteurs de certaines pierres



(1) Bopp, Vergleichende Grammatik, p. 39 et pass. — Aufrecht u. Kirchhoff, Die umbrischen Sprachdenkmaeler, p. 97, § 256. — Le mot celtique bara, pain, devenu panis, offre un exemple certain de mutation de l’ r en n .

(2) La première syllabe al ou el n’est que l’article celtique. — Richter, die Elfen, Encycl. Ersch. u. Gruber, sect. I, 33, p. 301 et seqq.

(3) Dieffenbach, Vergleichendes Woerterbuch der gothischen Sprache, Frankfurt a. M., 1851, in-8o, t. I, p. 358-359.

  1. (1) Bopp, Vergleichende Grammatik, p. 39 et pass. — Aufrecht u. Kirchhoff, Die umbrischen Sprachdenkmaeler, p. 97, § 256. — Le mot celtique bara, pain, devenu panis, offre un exemple certain de mutation de l’ r en n .
  2. (2) La première syllabe al ou el n’est que l’article celtique. — Richter, die Elfen, Encycl. Ersch. u. Gruber, sect. I, 33, p. 301 et seqq.
  3. (3) Dieffenbach, Vergleichendes Woerterbuch der gothischen Sprache, Frankfurt a. M., 1851, in-8o, t. I, p. 358-359.