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les mythes, et même l’histoire des époques grecques, étrusques et sabines, vont démontrer cette assertion.

Les nains sont connus, en Europe, sous quatre noms principaux, aussi vieux que la présence des peuples blancs. Ces noms appartiennent, par leurs racines, au fond le plus ancien des langues de l’espèce noble. Ce sont, sous réserve de quelques altérations de formes peu importantes, les mots pygmée fad, gen et nar.

Le premier se trouve dans une comparaison de l’Iliade, où le poète, parlant des cris et du tumulte qui s’élèvent des rangs des Troyens prêts à commencer le combat, s’exprime ainsi :

« De même montent vers le ciel les clameurs des grues, lorsque, fuyant l’hiver et la pluie incessante, elles volent en criant vers le fleuve Océan, et apportent le meurtre et la mort aux hommes pygmées. »

Le fait seul que cette allusion est destinée à faire bien saisir aux auditeurs du poème quelle était l’attitude des Troyens prêts à combattre, prouve que l’on avait, au temps d’Homère, une notion très générale et très familière de l’existence des pygmées. Ces petits êtres, demeurant du côté du fleuve Océan, se trouvaient à l’ouest du pays des Hellènes, et comme les grues allaient les chercher à la fin de l’hiver, ils étaient au nord ; car la migration des oiseaux de passage a lieu à cette époque dans cette direction. Ils habitaient donc l’Europe occidentale. C’est là, en effet, que nous les avons jusqu’à présent reconnus à leurs œuvres. Homère n’est pas le seul dans l’antiquité grecque qui ait parlé d’eux. Hécatée de Milet les mentionne, et en fait des laboureurs minuscules réduits à couper leurs blés à coups de hache. Eustathe place les pygmées dans les régions boréales, vers la hauteur de Thulé. Il les fait extrêmement petits, et ne leur assigne pas une vie très longue. Enfin Aristote lui-même s’occupe d’eux. Il déclare ne les considérer nullement comme fabuleux. Mais il explique la taille minime qu’on leur attribue par d’assez pauvres raisons, en disant qu’elle est due à la petitesse comparative de leurs chevaux ; et comme ce philosophe vivait à une époque où la mode scientifique voulait que tout vînt de l’Égypte, il les relègue