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assuré que le dernier objet soit finnique, bien qu’il ait été trouvé dans une grotte et recouvert d’une sorte de gangue pierreuse qui semble lui assigner une assez lointaine antiquité.

Je n’ai démontré jusqu’ici que par voie de comparaison et d’élimination la présence primordiale des peuples jaunes en Europe. Quelle que soit la force de cette méthode, elle ne suffit pas. Il est nécessaire de recourir à des éléments de persuasion plus directs. Heureusement ils ne font pas défaut.

Les plus anciennes traditions des Celtes et des Slaves, les premiers des peuples blancs qui aient habité le nord et l’ouest de l’Europe, et, par conséquent, ceux qui ont gardé les souvenirs les plus complets de l’ancien ordre des choses sur ce continent, se montrent riches de récits confus ayant pour objets certaines créatures complètement étrangères à leurs races. Ces récits, en se transmettant de bouche en bouche, à travers les âges, et par l’intermédiaire de plusieurs générations hétérogènes, ont nécessairement perdu depuis longtemps leur précision et subi des modifications considérables. Chaque siècle a un peu moins compris ce que le passé lui livrait, et c’est ainsi que les Finnois, objets de ce qui n’était d’abord qu’un fragment d’histoire, sont devenus des héros de contes bleus, des créations surnaturelles.

Ils sont passés de très bonne heure du domaine de la réalité dans le milieu nuageux et vague d’une mythologie toute particulière à notre continent. Ce sont désormais ces nains, le plus souvent difformes, capricieux, méchants, et dangereux, quelquefois, au contraire, doux, caressants, sympathiques et d’une beauté charmante (1)[1], cependant toujours nains, dont les bandes ne cessent pas d’habiter les monuments de l’âge de pierre, dormant le jour sous les dolmens, dans la bruyère, au



(1) Shakespeare, Midsummer Night’s Dream et The Tempest, — Robin Good Fellow dans les Relics of Ancient English Poetry, de Thomas Percy, in-8o, Lond., 1847. Les nains abondent chez tous les peuples de l’Europe. — Partout où les nains sont braves, bienveillants et aimables, on doit reconnaître l’influence de la mythologie scandinave ou des fables orientales. Les renseignements italiotes, celtiques et slaves les traitent constamment avec une extrême sévérité.

  1. (1) Shakespeare, Midsummer Night’s Dream et The Tempest, — Robin Good Fellow dans les Relics of Ancient English Poetry, de Thomas Percy, in-8o, Lond., 1847. Les nains abondent chez tous les peuples de l’Europe. — Partout où les nains sont braves, bienveillants et aimables, on doit reconnaître l’influence de la mythologie scandinave ou des fables orientales. Les renseignements italiotes, celtiques et slaves les traitent constamment avec une extrême sévérité.