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purement sémitiques ou autochtones que glorifient les noms caractéristiques d’Inachus, de Phoronée, d’Ogygès, d’Agénor, de Danaüs, de Codrus, de Cécrops, noms dont les légendes établissent la signification ethnique de la manière la plus claire. Tout ce qui ne vient pas d’Asie, à ces époques lointaines, se dit né sur le sol même, et forme la base populaire des États nouvellement éclos. Mais le fait remarquable, c’est que, aux âges primordiaux, on n’aperçoit nulle part la moindre trace historique des Arians Hellènes.

Aucun récit mythique ne fait mention d’eux. Ils sont profondément inconnus dans toute la Grèce continentale, dans les îles à plus forte raison. Pour les rencontrer, il faut descendre jusqu’aux jours de Deucalion, qui, avec des troupes de Lélèges et de Curètes, c’est-à-dire avec des populations locales, par conséquent non arianes, vint, bien longtemps après la création des États de Sicyone, d’Argos, de Thèbes et d’Athènes, s’établir dans la Thessalie. Ce conquérant arrivait du nord.

Ainsi, depuis la fondation de Sicyone, placée par les chronologistes, comme Larcher, à l’an 2164 avant notre ère, jusqu’à l’arrivée de Deucalion en 1541, autrement dit pendant une période de six cents ans, on n’aperçoit en Grèce que des peuples antéarians aborigènes et des colonisateurs de race chamo-sémitique.

Où vivaient donc, que faisaient les Arians Hellènes pendant cette période de six cents ans ? Étaient-ils vraiment bien loin encore de leur future patrie ? La tradition les ignore d’une



Geschichte, t. I, p. 26 à 64 ; O. Müller, die Etrusker, Einleit., p. 11 et 75 à 100.) — Sur la rapidité avec laquelle les populations aborigènes disparurent aussitôt que les Arians Hellènes eurent paru au milieu d'elles, consulter Grote, t. II, p. 351. — Hécatée, Hérodote et Thucydide sont d'accord sur ce point, qu'il y a eu une époque antéhellénique où différents langages étaient parlés entre le cap Malée et l'Olympe. (Grote, t. II, p. 317.) — Dès l'an 771 avant J.-C., on ne trouve plus trace d'établissements non mêlés d'Arians Hellènes dans l'Hellade entière. — Pour ce qui est de la nature ethnique des aborigènes, je suis obligé de renvoyer le lecteur au livre suivant, qui traite des populations absolument primitives de l'Europe.