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du relief à la secte en la répandant dans les hautes classes, et il était, en somme, aussi flatteur que facile de se glorifier de vertus intimes et inaperçues, de débiter des discours de morale, et aussitôt d’être tenu pour saint et quitte du reste (1)[1].

Les couvents se multiplièrent. Des religieux et des religieuses remplirent ces asiles appelés viharas, et les arts, que l’antique civilisation avait formés et élevés, prêtèrent leur concours à la glorification de la nouvelle secte (2)[2]. Les cavernes de Magatanie, de Baug, sur la route d’Oudjeïn, les grottes d’Eléphanta sont des temples bouddhiques. Il en est d’aussi extraordinaires par la vaste étendue des proportions que par le fini précieux des détails. Tout le panthéon brahmanique, doublé de la nouvelle mythologie qui vint s’enter sur ses rameaux, de tous les bouddhas, de tous les boddhisatvas et autres inventions d’une imagination d’autant plus féconde qu’elle plongeait davantage dans les classes noires, tout ce que la pensée humaine, ivre de raffinements et complètement déroutée par l’abus de la réflexion, a jamais pu imaginer d’extravagant en fait de formes, vint trôner sous ces splendides




gens appartenant aux castes impures ou de personnes de mauvaise vie, Sakya répondait : « Ma loi est une loi de grâce pour tous. » (Burnouf, ouvr. cité, t. I, p. 198.) — Cette loi de grâce devint très promptement une sorte de religiosité facile qui recrutait des partisans dans les classes supérieures, parmi les hommes dégoûtés de toutes les restrictions que le régime brahmanique inflige à ses fidèles, par suite de cette idée qu’on ne peut se faire pardonner les fautes de l’existence actuelle et se rendre dignes de passer dans un rang supérieur, qu’au prix des plus redoutables austérités. Ainsi, un jeune ascète, après de longues abstinences au fond d’une forêt, se donne en pâture a une tigresse, qui vient de mettre bas, en s’écriant : « Comme il est vrai que je n’abandonne la vie ni pour la royauté, ni pour les jouissances du plaisir, ni pour le rang de sakya, ni pour celui de monarque souverain, mais bien pour arriver à l’état suprême de bouddha parfaitement accompli ! » (Burnouf, ibid., p. 159 et passim.) — Les bouddhistes prenaient les choses d’une façon plus commode. Ils condamnaient ces rigueurs personnelles comme inutiles, et leur substituaient le simple repentir et l’aveu de la faute, ce qui, du reste, les fit arriver très promptement à instituer la confession. (Ibid., p. 299.)

(1) Burnouf, Introd. à l’hist., etc., t. I, p. 196, 277.

(2) Ibid., p. 287.


  1. (1) Burnouf, Introd. à l’hist., etc., t. I, p. 196, 277.
  2. (2) Ibid., p. 287.