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descendants du meurtrier d’Abel, parent probablement bien proche de ces redoutables métis :

« Entendez ma voix, femmes de Lamech ; écoutez ma parole  : De même « que j’ai tué un homme pour une blessure et un enfant pour un affront, de « même la vengeance septuple de Caïn sera pour Lamech soixante-dix-sept fois septuple[1] ! »

Voilà, je m’imagine, ce qui peint le mieux les Chamites noirs, et je me laisserais aller aisément à voir un rapport étroit de similitude entre le mélange d’où ils sont sortis et l’hymen maudit des aïeules de Noé avec cet autre type inconnu que la pensée primitive relégua, non sans quelque horreur, dans un rang surnaturel.


CHAPITRE II.

Les Sémites.

Tandis que les Chamites se répandaient fort avant dans toute l’Asie antérieure et au long des côtes arabes jusque dans l’est de l’Afrique[2], d’autres tribus blanches, se pressant sur leurs

  1. Gen., IV, 23, 24 : « Dixitque Lamech uxoribus suis Adæ et Sellæ : Audite vocem meam, uxores Lamech, auscultate sermonem meum. — Quoniam occidi virum in vulnus meum et adolescentulum in livorem meum, septuplum ultio dabitur de Caïn ; de Lamech vero septuagies septies. » — Le sel de cette composition ne consiste pas seulement dans la rudesse du sentiment. Il y a encore là plus d’orgueil que d’esprit de vengeance. Dieu, en condamnant Caïn, n’avait cependant pas voulu le punir de mort, et il l’avait couvert de sa protection, en déclarant que celui qui le tuerait serait puni au septuple. Lamech se mettait au-dessus même de son aïeul, objet de la vénération de la famille, en promettant soixante-dix-sept fois plus de châtiment à ses agresseurs.
  2. Il est probable que très anciennement des mélanges chamites ont atteint le sang des populations cafres, vers le méridien de Monbaz.