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LIVRE SECOND.

CIVILISATION ANTIQUE RAYONNANT DE L’ASIE CENTRALE AU SUD-OUEST.

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CHAPITRE PREMIER.

Les Chamites.

Les premières traces de l’histoire certaine remontent à une époque antérieure à l’an 5000 avant la naissance de Jésus-Christ[1]. Vers cette date, la présence évidente des hommes commence à troubler le silence des siècles. On entend bourdonner les fourmilières des nations du côté de l’Asie inférieure. Le bruit se prolonge au sud, dans la direction de la péninsule arabique et du continent africain ; tandis que, vers l’est, partant des hautes vallées ouvertes sur les versants du Bolor[2], il se répercute, d’échos en échos, jusque vers les régions situées sur la rive gauche de l’Indus.

Les populations qui appellent d’abord nos regards sont de race noire.

  1. L’opinion de Klaproth (Asia polyglotta) ne les reporte pas plus haut que l’an 3000 ; mais d’autres chronologistes sont plus larges dans leur estimation, entre autres M. Lepsius, dans ses travaux sur l’Égypte. Il rend l’opinion de Klaproth tout à fait inadmissible, puisqu’il fait remonter une classe entière de monuments égyptiens à l’an 4000. (Lepsius, Briefe über Ægypten, Æthiopien und der Halbinsel des Sinaï ; Berlin, 1852). Je n’ai pas, du reste, à m’occuper d’un tel problème. Il importe peu à mon sujet. Je ne prétends ici qu’à fixer, à peu près, la pensée du lecteur.
  2. J’entends désigner la chaîne qui, s’attachant à l’Hindou-Kho septentrional, remonte au nord, coupe le Thian-Chan et incline à l’ouest vers le lac Kabankoul. (Voir M. A. de Humboldt, Asie centrale, carte.)