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manière à ce que la combinaison en est, à la fin, devenue homogène, et que chaque individu de l’espèce n’ayant pas, dans les veines, d’autre sang que son voisin, il n’y a pas moyen qu’il en diffère physiquement. De même que les frères et sœurs se ressemblent souvent, comme provenant d’éléments semblables, ainsi, lorsque deux races productrices sont parvenues à s’amalgamer si complètement qu’il n’y a plus dans la nation de groupes ayant plus de l’essence de l’une que de l’autre, il s’établit, par équilibre, une sorte de pureté fictive, un type artificiel, et tous les nouveau-nés en apportent l’empreinte.

De cette façon, le type tertiaire, dont j’ai défini le mode de formation, put avoir de bonne heure le cachet faussement attribué à la pureté absolue et vraie de race, c’est-à-dire la ressemblance de ses individualités, et cela fut possible dans un délai d’autant plus court que deux variétés d’un même type furent relativement peu différentes entre elles. C’est pour ce motif que, dans une famille, si le père appartient à une nation autre que celle de la mère, les enfants ressembleront soit à l’un, soit à l’autre de leurs auteurs, et auront peine à établir une identité de caractères physiques entre eux ; tandis que, si les parents sont issus tous deux d’une même souche nationale, cette identité se produira sans aucune peine.

Il est encore une loi à signaler avant d’aller plus loin : les croisements n’amènent pas seulement la fusion de deux variétés. Ils déterminent la création de caractères nouveaux, qui deviennent dès lors le côté le plus important par lequel on puisse envisager un sous-genre. On va en voir bientôt des exemples. Je n’ai pas besoin d’ajouter, ce qui s’entend assez de soi, que le développement de cette originalité nouvelle ne peut être complet sans cette condition que la fusion des types générateurs sera préalablement parfaite, sans quoi la race tertiaire ne pourrait passer pour véritablement fondée. On devine donc qu’il faut ici des conditions de temps d’autant plus considérables, que les deux nations fusionnées seront plus nombreuses. Jusqu’à ce que le mélange soit complet et que la ressemblance et l’identité physiologique des individualités aient été établies, il n’y a pas sous-genre nouveau, il n’y a pas développement