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différentes époques, ce tégument singulier, ayant atteint une épaisseur de trois quarts de pouce, se détachait, tombait, et était remplacé par un autre tout pareil. Quatre fils naquirent de cet homme. Ils étaient semblables à leur père. Un seul survécut : mais M. Baker, qui le vit dans son enfance, ne dit pas s’il est parvenu à l’âge adulte. Il conclut seulement que, puisque le père avait produit de tels rejetons, une famille particulière aurait pu se former, qui aurait conservé un type spécial, et que, le temps et l’oubli aidant, on se serait cru autorisé, plus tard, à considérer cette variété d’hommes comme présentant des caractères spécifiques particuliers.

La conclusion est admissible. Seulement, les individus, si différents de l’espèce en général, ne se perpétuent pas. Leur postérité rentre dans la règle commune ou s’éteint bientôt. Tout ce qui dévie de l’ordre naturel et normal ne peut qu’emprunter la vie et n’est pas apte à la conserver. Sans quoi, les accidents les plus étranges auraient écarté, depuis longtemps, l’humanité des conditions physiologiques observées de tous temps chez elle. Il faut en inférer qu’une des conditions essentielles, constitutives, de ces anomalies est précisément d’être transitoires, et on ne saurait dès lors faire rentrer dans de telles catégories la chevelure du nègre, sa peau noire, la couleur jaune du Chinois, sa face large, ses yeux bridés. Ce sont autant de caractères permanents qui n’ont rien d’anormal et qui, en conséquence, ne proviennent pas d’une déviation accidentelle.

Résumons ici tout ce qui précède.

Devant les difficultés que présentent l’interprétation la plus répandue du texte biblique et l’objection tirée de la loi qui régit la génération des hybrides, il est impossible de se prononcer catégoriquement et d’affirmer, pour l’espèce, la multiplicité d’origines.

Il faut donc se contenter d’assigner des causes inférieures à ces variétés si tranchées dont la permanence est incontestablement le caractère principal, permanence qui ne peut se perdre que par l’effet des croisements. Ces causes, on peut les apercevoir dans l’énergie climatérique que possédait notre