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années de conquête, au dialecte celto-latin de leurs sujets (1)[1]. Rien, dans tout cela, n’autorise à supposer que le temps, l’effet des climats divers et du changement d’habitudes aient, d’un Lapon ou d’un Ostiak, d’un Tongouse ou d’un Permien, fait un saint Étienne. En vertu de cette réfutation des seuls arguments présentés par les Unitaires, je conclus que la permanence des types chez les races est au-dessus de toute contestation, et si forte, si inébranlable, que le changement de milieu le plus complet ne peut rien pour la détruire, tant qu’il n’y a pas mélange d’une branche humaine avec quelque autre.

Ainsi, quelque parti qu’on veuille prendre sur l’unité ou la multiplicité des origines de l’espèce, les différentes familles sont aujourd’hui parfaitement séparées les unes des autres, puisque aucune influence extérieure ne saurait les amener à se ressembler, à s’assimiler, à se confondre.

Les races actuelles sont donc des branches bien distinctes d’une ou de plusieurs souches primitives perdues, que les temps historiques n’ont jamais connues, dont nous ne sommes nullement en état de nous figurer les caractères même les plus généraux ; et ces races, différant entre elles par les formes extérieures et les proportions des membres, par la structure de la tête osseuse, par la conformation interne du corps, par la nature du système pileux, par la carnation, etc., ne réussissent à perdre leurs traits principaux qu’à la suite et par la puissance des croisements.

Cette permanence des caractères génériques suffit pleinement à produire les effets de dissemblance radicale et d’inégalité, à leur donner la portée de lois naturelles, et à appliquer à la vie physiologique des peuples les mêmes distinctions que j’appliquerai plus tard à leur vie morale.

Puisque je me suis résigné, par respect pour un agent scientifique que je ne puis détruire, et, plus encore, par une interprétation religieuse que je n’oserais attaquer, à laisser de côté les doutes véhéments qui m’assiègent au sujet de la question

  1. (1) Aug. Thierry, Histoire de la conquête de l'Angleterre ; Paris, in-12, 1846; t. I, p. 155.