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gauche, ce qui sembla indiquer l’invasion de quelque douleur lancinante. Harrison, promenant sur cette scène un sourire d’orgueilleuse satisfaction, continua en ces termes :

« C’est pourquoi, mes chers concitoyens, je vous propose un toast à notre nouvel ami, M. Charles Cabert, lui souhaitant la bienvenue dans notre pays libre, et désirant du fond de mon cœur que les observations qu’il pourra faire et l’expérience qu’il pourra recueillir l’amènent à comprendre la supériorité de nos institutions et la grandeur de notre avenir. »

L’orateur s’assit, M. Charles Cabert s’inclina pour le remercier, et après avoir vidé son verre, il croyait tout fini, quand M. Georges Barton lui cria d’une voix de Stentor :

— À votre tour, maintenant, répondez !

« Diable ! se dit le jeune élégant, qu’est-ce que je m’en vais leur dire ? »

Tous les yeux étaient fixés vers lui, il fallait s’exécuter.

« Mesdames et messieurs, commença l’orateur d’une voix émue, pardonnez à un étranger obligé de se servir d’une langue qui n’est pas tout à fait la sienne, bien que…, dans ces