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maisons, servant pendant l’été d’établissements de bains, avaient été graduellement submergés par les flots ou engloutis sous les matières volcaniques ; un quai venait d’être achevé, et désormais il plongeait sous la mer ; enfin des pierres noires d’où se dégageait une vapeur sulfurique étaient en mouvement perpétuel, et, poussées en dessous, tantôt elles s’élevaient par un mouvement ascensionnel en ligne verticale, tantôt, mal étayées, elles s’écroulaient, roulaient dans la mer et élargissaient ainsi la base de l’îlot en voie de formation, qui pourra devenir très grand un jour, s’il ne disparaît à l’improviste. Tout cela était noir comme l’encre, fumeux, brûlant à ne pouvoir toujours y poser la main, et à l’entour l’eau était bouillonnante ; si l’on était tombé dedans, on s’y fût brûlé.

Gravir sur le cône igné aurait été impossible. Outre que la base même en était formée de cendres brûlantes, les ruisseaux de feu s’y promenaient de toutes parts et eussent rendu l’entreprise insensée. Mais il y avait moyen d’aller considérer le géant d’assez près en montant jusqu’au sommet de l’ancien cratère, qui lui