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étables, et de chasser devant elle lés bestiaux, qu’il fallait ensuite plusieurs jours pour ramener au complet. Quand le comte Foscari s’aperçut de tout cela, on peut croire qu’il en prit quelque inquiétude ; pas le moins du monde. Il en fut ravi. "Toute autre femme me gênerait, se dit-il ; pour celle-ci, en la claquemurant dans un cloître, je lui rendrai justice, et tout le monde, loin de m’accuser, me plaindra." Don Geronimo pénétrait peut-être les sentiments de son futur gendre, mais il n’en donnait pas signe et chacun continuait à jouer son rôle : l’oncle promettait le mariage ; le futur le sollicitait, et la fiancée faisait le diable. En définitive, que voulait-elle, me demanderez-vous, ami lecteur ? Elle voulait que don Geronimo Torrevermiglia la mît à la porte et que sa famille campée dans les Apennins lui rouvrît ses bras et lui rendît sa liberté. Pour cela, jamais elle ne put l’obtenir, comme on va le voir.

Enfin, lorsqu’elle fut bien assurée que ce mariage, qu’elle redoutait parce qu’elle voyait la contrainte au bout, se devait faire, elle se jura à elle-même d’assommer son oncle ou son fiancé. On sait qu’elle y aurait réussi sans l’arrivée inopinée des comédiens. Le reste de l’histoire est connu jusqu’ici ; nous n’avons plus besoin que de suivre ce qui va arriver.

Après cette révélation, Scaramouche sortit de chez le curé, tout pensif. Il comprit fort bien que du côté de dona Paula, comme de celui de son oncle, les choses en étaient à toute extrémité, et