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— Cher ami ! s’écria tout à coup Arlequin d’un ton sentencieux, le contenu de ta gourde t’a conquis à jamais ma tendresse ; écoute-moi, je te prie, avec une grande attention. Dans ce coffre, dit-il en frappant du doigt sur la caisse à demi défoncée qui lui servait de siège, dans ce coffre se trouvent la fortune et la gloire, consistant en un nez postiche, un pantalon, une perruque et autres accessoires.

— Matteo Cigoli, reprit Polichinelle en second dessus, notre cousin Carpaccio a eu la sottise de déserter le culte des Muses pour se faire chaudronnier ; je me joins à Arlequin pour t’offrir sa dépouille. Quelle magnifique position nous te présentons là ! D’abord part à nos bénéfices ! Quand je dis part, c’est demi-part ! mais part entière à notre vie aventureuse, à notre incomparable fainéantise, à nos délicieux plaisirs, à nos succès ! Oui, Matteo ! les duchesses, les marquises se font un devoir… tu remueras leurs cœurs à la pelle !

— Bah ! reprit Pantalon qui était couché au fond de la voiture entre deux paquets, et qui n’avait pas encore parlé, pourquoi tant de frais d’éloquence ? Il n’a pas le sou, cela se lit sur sa mine ; nous lui proposons notre appui…

— Notre protection, dit Barbara.

— Notre amitié, siffla Colombine.

— Notre carriole pour voyager, hurla Polichinelle, de l’air dont on reproche un bienfait.

— Et surtout une portion de notre gloire, psalmodia