sa compagne de voyage, sa complice et sa fiancée.
Quand midi sonna, Omm-Djéhâne, ayant sans peine quitté son logis, attendu que les danseuses, rentrées par la grâce de Dieu, n’avaient eu rien de plus pressé comme de plus nécessaire que de chercher le repos de leurs lits, Omm-Djéhâne avait pris des rues détournées, et étant arrivée à la maison de poste, voilée à la façon des femmes tartares, avait frappé discrètement à la porte d’entrée. L’ordonnance d’Assanoff lui avait ouvert : et elle avait passé vivement devant le soldat sans lui rien dire ; et, lui, jugeant que cette femme était attendue par les officiers, n’avait pas même songé à lui adresser une question. La danseuse entra ainsi dans la salle où était Moreno, occupé à boucler sa valise pour le départ, qui allait avoir lieu dans une heure.
Il leva les yeux au bruit, vit la jeune fille, et machinalement chercha du regard Assanoff. Omm-Djéhâne ne lui laissa pas le temps de se trouver embarrassé.
— Monsieur, lui dit-elle, je viens ici chercher le lieutenant Assanoff. Il a dû vous dire que je suis sa cousine, et, comme il ne peut pas manquer d’être confiant, il aura certainement ajouté que j’étais sa fiancée. Ainsi, comme il me paraît absent, permettez-moi de l’attendre.
— Mademoiselle, répondit Moreno froidement, en offrant toutefois une chaise à la nouvelle arrivée, vous avez raison, Assanoff est confiant, je sais que vous êtes