Omm-Djéhâne se tourna vers l’officier et le regarda d’un air si arrogant, qu’il fit involontairement un pas en arrière. Alors, il contempla, stupéfait, la jeune fille. Elle avait ôté sa toilette de danseuse ; elle était vêtue comme une femme noble du Daghestan et portait à sa ceinture une paire de pistolets et un couteau. Soit hasard, soit intention, sa main droite se porta un instant vers ses armes. Elle montra une chaise à Assanoff d’un geste impérieux, et s’assit elle-même sur le divan à quelques pas de lui. Elle tenait à la main ce chapelet avec lequel elle avait accompli les cérémonies de l’istikharèh, la première fois qu’on l’a vue apparaître en personne dans ce récit, et, pendant l’entretien qui va suivre, elle revint souvent aux grains de corail et les fit rouler et glisser entre ses doigts.
— Sois le bienvenu, Hassan ! Depuis quatre ans je demande sans cesse à ce chapelet si je vais te voir ; aujourd’hui il me l’a assuré ; c’est pourquoi je suis allée chez le gouverneur, et te voilà !
— À la façon dont tu me reçois, je ne comprends pas trop ce que je viens y faire.
— Tu vas le comprendre, fils de ma tante,
— Que veux-tu dire ?
— J’avais quatre ans et tu en avais douze, je me rappelle et tu as oublié ! Ah ! fils de mon sang, frère de mon âme, s’écria-t-elle tout à coup avec une explosion passionnée et en étendant ses mains frémissantes vers le jeune homme ; est-ce que, quand tu dors, tu ne vois