tendit des cris aigus, des accents de fureur, un tapage effroyable. Un muletier accourait en gesticulant et fendait la foule qui semblait indignée.
— Qu’y a-t-il ? demanda Kerbelay-Houssein avec calme.
— C’est, répondit le muletier, un scélérat de Shemsiyèh qui prétend se joindre à la caravane ! Vit-on jamais pareille insolence ? Nous voulons le chasser ! Il n’obéit pas !
— Je vais lui parler, répondit Kerbelay-Houssein d’un air grave, et il se mit en route dans la direction que les cris et les gesticulations de la foule lui indiquaient. Valerio le suivit et ils arrivèrent au dehors du camp sur le bord d’un petit ruisseau dominé par une roche ; au pied de cette roche se tenait un homme que les gens de la caravane insultaient et menaçaient. Les Turks étaient particulièrement acharnés ; les Persans ricanaient et criaient des injures, des Arméniens catholiques levaient les bras au ciel avec des exclamations de douleur et de scandale ; plusieurs Juifs branlaient la tête d’un air grave et gémissaient sur la désolation de l’abomination, mais ils ne faisaient pas trop de bruit. Quelques pierres, visant le personnage poursuivi par une animadversion si générale, vinrent rebondir sur la roche. Elles étaient lancées par des enfants Kurdes.
Le Shemsiyèh debout, se contractant de tous ses membres devant les projectiles qu’on lui jetait et que