éclairés de regards droits et fermes, un teint hâlé, l’air grave et prudent comme il sied à un homme accoutumé à se sentir responsable. Kerbelay-Houssein était de la province de Shouster, l’ancienne Susiane, à laquelle appartenaient la plupart de ses camarades. Il possédait en propre trois cents mulets de charge, ce qui constituait un avoir assez respectable. Il était donc riche, considéré ; mais, comme il convient à un homme de sa profession, il ne se donnait aucun titre pompeux, ne se faisait pas même appeler beg, allait vêtu de laine fort propre, mais très-commune, et se contentait d’être le plus despotique et le plus inflexible des législateurs. D’ailleurs, il ne s’emportait jamais, content d’égaler en obstination le plus obstiné de ses mulets.
— Maître, dit Valerio à ce personnage ; vous allez à Tabryz ?
— Inshallah, s’il plaît à Dieu ! répondit Kerbelay-Houssein, avec une dévote réserve.
— Combien de jours comptez-vous mettre dans ce voyage ?
— Dieu seul le sait ! répliqua le chef toujours du même ton. Cela dépendra du temps beau ou mauvais ; de l’état des pâturages pour mes mulets, du prix de l’orge dans les différentes stations, et enfin, du séjour que nous ferons à Bayazyd et ailleurs.
— De sorte que vous ne pouvez pas du tout me dire à l’avance quand nous arriverons ?