tant de favorites souveraines et des lignées de rois. Pour asseoir les unes et les autres, femmes et hommes, sur le trône ou mettre le trône sous leurs pieds, la destinée ne leur a rien demandé, ni génie, ni talent, ni naissance glorieuse, elle s’est contentée de voir leur beauté. Quelquefois l’histoire exagère, et pour une jolie fille rencontrée par hasard et laissant à un passant une heureuse impression qu’il répartit sur toute une province, combien d’hôtesses rousses imposant par la grâce du même juge leurs défauts à toutes les hôtesses d’un royaume ! Mais ici rien de semblable n’est arrivé. La nature s’est vraiment surpassée et l’imagination n’a pu monter plus haut qu’elle. Tout ce qu’on a dit, écrit et chanté sur les perfections physiques des gens du Phase est vrai à la lettre, et l’examen le plus maussade, s’il veut parler vrai, ne trouve rien à en rabattre. Ce qui est surtout remarquable et semble sortir de toutes les règles, c’est que ces paysans, ces paysannes, ces malheureux et ces malheureuses sont doués d’une distinction et d’une grâce extrêmes ; leurs mains sont charmantes, leurs pieds sont adorables ; la forme, les attaches, tout en est parfait, et l’on peut s’imaginer à quel point est pondérée et juste la démarche de créatures qui n’ont pas un défaut dans leur construction.
Assanoff était trop accoutumé à la vue des filles imérithiennes et gourielles pour en être aussi frappé que Moreno. Il les trouvait jolies, mais comme la civilisa-