Là-dessus, il se mit à crier et à pleurer, en balançant la tête. J’avais grande envie de lui asséner un bon coup de poing à travers le visage, car je n’étais pas content du tout de ce qu’il venait de me révéler ; heureusement, je me rappelai soudain que c’était beaucoup plus, désormais, l’affaire de Kérym que la mienne et je me bornai à m’écrier :
— Pauvre Leïla ! Elle nous a bien aimés tous les deux ! Ah ! quel malheur qu’elle soit morte !
Souleyman, à ce mot, se laissa tomber dans mes bras et me dit :
— Mon ami, mon cousin, nous ne nous consolerons jamais ni l’un ni l’autre ! Viens dans ma maison ; je veux que tu sois mon hôte ; et, pendant tout le temps que tu resteras à Meshhed, j’entends que tout ce que je possède soit à toi !
Je fus profondément attendri par cette marque de bonté de ce cher Souleyman, que j’avais toujours chéri du fond du cœur, et, le voyant si affligé comme il était, je pris la part la plus sincère à son chagrin et mêlai mes larmes aux siennes. Nous nous en allâmes à travers la cour, et, chemin faisant, il me présentait aux Moullas que nous rencontrions.
— Voilà, leur disait-il, mon cousin Aga-Khan, major du régiment de Khamsèh, un héros des anciens temps ! ni Roustem, ni Afrasyâb ne l’ont égalé en valeur ! Si vous voulez venir prendre une tasse de thé avec nous, vous honorerez singulièrement ma pauvre maison.