s’ils devaient réussir dans leurs projets, nous serions tellement à plaindre que la vie ne vaudrait plus rien. Ils voudraient, par exemple, nous forcer à demeurer effectivement dans les casernes, à y coucher chaque nuit, à rentrer et à sortir précisément aux heures que leurs montres leurs indiquent. De sorte que l’on deviendrait absolument comme des machines, et on n’aurait plus même la faculté de respirer qu’en mesure : ce que Dieu n’a pas voulu. Ensuite, ils nous feraient tous, sans distinction, venir sur la plaine au soleil l’été, à la pluie l’hiver, pour quoi faire ? Pour lever et baisser les jambes, agiter les bras, tourner la tête à droite ou à gauche. Vallah ! Billah ! Tallah ! Il n’y a pas un d’entre eux qui soit capable d’expliquer à quoi ces absurdités peuvent servir ! J’avoue, quant à moi, que, lorsque je vois passer quelqu’un de ces gens-là, je me range, parce qu’on ne sait jamais quel accès de frénésie va les saisir. Heureusement le ciel, en les créant très-brutaux, les a fait au moins aussi bêtes, de sorte que, généralement, on leur peut persuader tout ce qu’on veut. Gloire à Dieu, qui a donné ce moyen de défense aux Musulmans !
Pour moi, j’ai vu tout de suite ce que c’étaient que les instructeurs européens et je m’en suis tenu le plus loin possible ; comme le vékyl, mon ami, avait eu soin de me recommander au sultan, je n’allais jamais à ce qu’on appelle l’exercice, et mon existence était fort supportable. Notre régiment était venu remplacer