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vu le derviche accroupi dans la cour auprès du bassin ; il disait ses prières et accomplissait les ablutions légales. Ensuite, il a fait cuire, dans une coupe de cuivre, un peu de riz sur lequel il a jeté une pincée de sel ; il l’a mangé et est parti.

— Comment, parti ! s’écria Kassem consterné, comment parti ? Ce n’est pas possible ! Il avait encore mille choses de la dernière importance à m’apprendre ! Il n’est pas possible qu’il soit parti !

— Il l’est, cependant, répondit Amynèh un peu étonnée de l’agitation de son mari. Quelle affaire avais-tu donc avec cet homme ?

Kassem ne répondit rien, et d’un air sombre, irrité, concentré, il sortit de la chambre et quitta la maison. Il n’avait pas cessé de tenir le lingot d’or. En droite ligne, il courut au bazar et entra chez un joaillier de sa connaissance.

— Le salut soit sur vous, maître Abdourrahman, lui dit-il.

— Et sur vous le salut, Mirza, répliqua le négociant.

— Faites-moi une faveur ; dites-moi ce que vaut ce métal.

Maître Abdourrahman mit ses vastes lunettes sur son nez, considéra le lingot, le passa à l’éprouvette et répondit paisiblement :

— C’est du bel et bon or, pur de tout alliage et qui vaut à peu près une centaine de tomans. Si vous le