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LA VIE DE VOYAGE

— J’aimerais mieux, dit Valerio, te laisser chez tes parents.

De grosses larmes roulèrent dans les yeux de Lucie. Elle regarda celui qui lui parlait avec une telle angoisse, qu’on ne saurait rien imaginer de plus douloureux.

— Comment ! murmura-t-elle, nous sommes mariés depuis huit jours !

— Et depuis trois, je connais notre ruine, répliqua Valerio d’un air sombre. Il faut que tu vives ; je ne trouve rien à faire ici ; une sorte de muraille s’élève autour de ma misère subite, et, si je n’aperçois l’issue par laquelle seule je peux en échapper, je n’aurai à contempler que le désespoir  ! Eh bien, ma Lucie, j’ai accepté une proposition. Je partirai, je travaillerai pour toi ; mais, franchement, je ne me sens pas la force de t’imposer ma nouvelle existence.

— Si je t’ai aimé, répondit Lucie en lui prenant les mains, ce n’est