retombait élégamment sur l’épaule. Il avait une tunique courte de cachemire, serrée à la taille par un ceinturon garni de pierreries, auquel pendait un sabre magnifique et ses pantalons étaient de cendal rouge. Quant aux harnachements de sa monture, vrai turcoman blanc de pure race, ils reluisaient d’or, de turquoises, de perles et d’émaux. Devant ce cavalier, marchaient douze serviteurs militaires, armés de boucliers, de sabres, de poignards, de pistolets et le fusil sur l’épaule. Il s’arrêta brusquement avec ses hommes, pour regarder ce qui se passait et cela lui déplut. Son sourcil se fronça, sa physionomie revêtît une expression arrogante et terrible, et il s’écria d’une voix forte :
— Quels sont ces hommes ?
— Des Ahmedzyys ! répondit une voix dans la foule ; et pourquoi Osman-Beg Ahmedzyy veut-il prendre le sang du jeune homme qui est là à se défendre depuis un quart d’heure, Dieu le sait !
— Mais, moi, je ne le sais pas, et il semble trop insolent qu’une famille maudite vienne assassiner les gens dans un quartier qui n’est pas le sien et qui est le mien ! Holà, Osman-Beg, cède, recule, laisse ta proie, va-t’en, ou, j’en jure par les tombeaux de tous les saints, tu ne sortiras pas d’ici vivant !
Et comme si ces paroles n’eussent pas été assez péremptoires, le cavalier mit le sabre à la main, fit sauter son cheval au milieu des combattants, et ses serviteurs, empoignant leurs boucliers et tirant leurs sabres, bousculèrent les hommes d’Osman-Beg, et beaucoup plus nombreux, les éloignèrent brusquement de Mohsèn, qui se trouva d’un coup protégé par un rempart vivant, bien vivant et prêt à ôter la vie à ceux qui menaçaient la sienne.
Osman-Beg jugea tout de suite sa situation. Il comprit l’impossibilité de la lutte, et, dédaignant toute récrimination, donna, d’un ton bref, le signal à son monde, le rallia et partit, non sans avoir affronté son nouvel adversaire d’un regard chargé de haine, de défi et de promesses vengeresses.
Alors on put se reconnaître. Mohsèn, délivré inespérément des