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traîna jusqu’à la fenêtre et leva le rideau. On devine ce qu’elle allait chercher.

Au lieu de voir la mansarde et l’ouvrier, elle aperçut le jardin de son hôtel.

Elle se laissa aller dans les bras de la femme qui la soutenait et perdit toute connaissance. On cria, on appela, on porta la comtesse sur son lit. Le médecin accourut et secoua la tête.

Ce qui se passait depuis la veille ne créait pas une maladie mortelle, mais développait rapidement toutes les causes de dissolution déposées par une constitution viciée dans ce pauvre être.

Au milieu de la journée, le comte Cabarot vint demander des nouvelles de sa femme. Il renvoya les gens de service, s’établit près du lit ; puis au bout d’une demi-heure il rappela les domestiques et s’en alla.

Le médecin avait eu raison de secouer la tête. La comtesse traîna encore huit jours. Tous les matins, elle faisait ouvrir sa fenêtre pour voir si elle apercevait la mansarde ; puis, trompée, elle soupirait.

Elle ne fit pas une plainte et ne prononça pas un seul mot qui pût donner à connaître ce qui se passait en elle.

Le huitième jour elle mourut.

Le comte Cabarot lui fit des obsèques magnifiques. Il héritait de tout ce qu’elle avait apporté en dot. Par suite de sa prudence et de ses bons procédés, il obtint de M. Irnois la confirmation des dispositions dernières qu’avant de mourir, Emmelina avait signées en sa faveur.

La mère, les tantes, le père tombèrent dans un chagrin