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il alla songer à de telles choses que, trois mois auparavant, il ne se serait jamais avisé.

Voilà ce qui l’animait dans sa conversation avec le prince. Il fut moins étonné de celui-ci qu’il ne l’eût été auparavant, et il plut davantage à Jean-Théodore. Presque toute la journée se passa dans des entretiens du même genre. Un bien très-grand en résulta pour celui-là même qui avait le plus élevé le niveau des idées dans ces communications amicales. Il avait parlé d’abord, plutôt pour se persuader, se calmer, se prêcher, en un mot, que par une conviction bien arrêtée. Voyant ses paroles accueillies avec tant de confiance de la part de Nore, avec tant de complaisance du côté de Laudon, il en éprouva un degré de plaisir et de consolation qu’il n’avait pas espéré. Je l’ai déjà montré ; ce n’était pas une nature vulgaire, tant s’en fallait. Il avait, comme on disait dans le langage du dix-septième siècle, de grandes parties ; certains côtés de son tempérament étaient plus que dignes d’éloges ; il avait aussi ses lacunes, ses défaillances, ses petitesses. Une si particulière communauté de vues qu’il rencontrait là refoulait la fraction moindre de son être et élevait l’autre, la plus noble. À dater de ce moment, il voulut voir Nore et Laudon chaque jour, et, tantôt par ses chasses, tantôt par des rencontres à Monbonheur, tantôt par des occasions fortuites qu’il se plaisait à faire naître, il travailla à les attirer de plus en plus dans son intimité. Les deux amis n’eurent pas, comme il était naturel de s’y attendre, un succès égal, ni même un succès quelconque auprès des autres membres de la maison régnante. La princesse éprouva pour Nore une répugnance instinctive. Elle le reconnut de suite comme un être étranger à sa propre façon de vivre et le craignit. Laudon ne lui fut guère plus agréable ; d’ailleurs, à part toute autre considération et