concilier avec elle-même, l’écouta quand il lui dit un jour :
— Je remarque que, de tous les sujets d’entretien, celui qui vous entraîne davantage, c’est celui dans lequel vous vous accusez. Vous répétez volontiers, et je suis sûr que vous ne l’avez pas dit qu’à moi : je suis une coquette, prenez garde ! je suis fausse, je suis perfide ; ma nature variable recherche le mal pour le seul plaisir de nuire. — Vous vous êtes ainsi créé une sorte de justification commode de vos inspirations les pires, et même, en définitive, une sorte d’orgueil d’une véracité dont le véritable mérite, à vos yeux, est, sans que vous vous en rendiez bien compte, d’autoriser tous les caprices et tous les écarts.
Je ne crois pas qu’il soit utile de dire à un homme : Fuyez-moi, je suis coquette, je vous ferai mal ! Si cet homme est médiocre, il en conclut seulement que vous lui accordez une coquetterie de plus, et il s’en encourage. S’il vous est réellement attaché, vous le faites souffrir ; mais vous ne l’éloignez pas. Je préférerais que, dans le fond de votre conscience, vous vous répétiez sans cesse : Je suis grande, je suis généreuse, je suis hardie, je suis fière, et étant tout cela, et parce que je le suis, je suis bonne ! C’est mon imagination, ce n’est pas mon cœur qui m’entraîne dans les sentiers tortueux, et, si je veux seulement me rappeler d’employer ce que je sens à ne pas rougir de moi-même, je quitterai tout ce qui me rabaisse. Je n’en ai pas besoin, et toutes les fois que je m’y suis livrée, cela ne m’a menée ni à des folies avilissantes pour lesquelles je n’ai jamais eu de goût, ni à des plaisirs que je ne recherche pas, mais seulement à des impasses où je me suis froissée et meurtrie, retombant sur moi-même et n’éprouvant que