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auxquels elle n’avait rien compris, l’excellente enfant, sinon que ces choses-là, nécessaires pour constituer une bonne éducation, ne pouvaient prétendre à ce qu’on s’occupât d’elles une fois qu’on n’y était plus contrainte. Lucie, en contemplation devant tant de vertus dont sa bonne petite cousine était armée, pensait, avec quelque apparence de raison, qu’après la noce comme avant, il n’existait pas le moindre motif pour qu’elle-même cessât d’exercer sur Laudon cette autorité salutaire, dont la vertu, la beauté et le mérite sans pairs constituent le privilége irréfragable. Mais c’est assez nous promener dans les corridors souterrains et sans lumières d’un aussi aimable cœur que celui de Lucie. Il faut s’arrêter là, en se bornant à dire que madame de Gennevilliers s’était fait persuader par son mari de désirer le mariage de Laudon avec Jeanne de Blanchefort, et, en épouse soumise d’un si grand homme, elle avait consenti à engager la question aussitôt que l’hiver aurait ramené tout le monde à Paris ; car ce ne fut qu’à Lucerne, et après le départ de Louis, que Gennevilliers, habilement préparé depuis quelques semaines, fit lui-même la découverte de ses véritables intentions et les communiqua à sa femme étonnée.