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plut assez pour qu’elle le marquât en sa pensée du signe de sa possession. Elle prit juste le temps de se convaincre qu’il avait du cœur et tout fut fait ainsi qu’elle l’avait décidé. Il va sans dire que Rothbanner se trouva d’autant plus heureux qu’il ne douta pas de l’avoir perdue et d’en avoir tout reçu.

Les choses marchèrent ainsi très bien pendant cinq ans et chacun peut porter témoignage que pas une distraction, pas une marque d’ennui ne furent surprises chez l’amant. Madame d’Hermannsburg avait alors quarante années échues et les choses allaient à merveille, quand, aussi sottement et mal à propos que tout ce qu’il avait fait dans sa vie, son mari s’avisa de mourir, ce qui fut le signal de la catastrophe, car il se découvrit des mystères que personne n’aurait jamais été soupçonner.

Au bout d’un an de deuil, la comtesse qui, depuis dix-huit mois environ, paraissait souvent préoccupée et d’une gaieté un peu extrême, pressa Rothbanner de reconnaître ce qu’elle avait fait pour lui, en mettant fin par un mariage, à l’irrégularité notoire de leur position. Rothbanner fut surpris et, ce qui n’était pas adroit, il faut en convenir, montrant plus de bonne foi que d’amour, il le laissa voir. Du reste il y avait de quoi s’étonner: la comtesse, de sa nature esprit fort, ne s’était jamais beaucoup préoccupée des questions au-dessous d’elle. Son rang dans le monde, son sang-froid, et, pour tout dire, son audace avaient toujours commandé et obtenu le respect, et