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Le Norvégien possède à un très haut degré une qualité qui devient de jour en jour plus rare dans les pays du centre de l’Europe : la sobriété.

Le pays, comme tant d’autres, a été ravagé par la peste de l’eau-de-vie. Il fut un temps où la population usait et abusait de l’alcool, croyant que les spiritueux étaient nécessaires à la vie humaine dans les pays froids et humides. Ce furent les femmes qui menèrent la campagne contre le fléau ; elles prétendirent avoir voix au chapitre dans la distribution des droits de cabaret. La faculté de débiter des boissons spiritueuses n’appartient pas aux individus, mais à des sociétés d’utilité publique ; celles-ci en disposent au profit de particuliers, dans les conditions qu’elles fixent elles-mêmes, et elles ne peuvent le faire que moyennant l’assentiment de la commune. Or, comme les femmes âgées d’au moins vingt-cinq ans ont le droit de vote dans l’assemblée communale, en matière de permis de cabaret, elles possèdent suffisamment d’influence pour empêcher les abus. La consommation d’alcool pur est descendue de 9 l. 50 (en 1833) à 1 l. 20. En Norvège, il y