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société s’éparpilla bientôt pour prendre quelques instants de repos.

Retour à Skien dans la soirée, — soirée norvégienne, bien entendu, c’est-à-dire d’un clair obscur. Dirai-je les incidents de ce retour ? L’accès des bateaux descendant de bassin en bassin n’est pas toujours facile ; il faut risquer un saut d’un mètre ou deux et on laisse parfois, comme je l’ai fait, passer le moment favorable. Raconterai-je comment un député suisse, furieux d’avoir perdu sa fille, trouva dans son bateau la fille d’un collègue autrichien, furieuse d’avoir perdu son père ? Et comment les deux perdus se rencontrèrent à leur tour sur un autre steamer ? Ils se vantèrent plus tard de la philosophie avec laquelle ils avaient supporté la séparation.

Cependant ces péripéties eussent pu devenir fâcheuses. Nous n’avions pris aucun rendez-vous et ne savions pas même où nous logions. — Agréable situation lorsque, pour comble de guignon, on s’est perdu en route. Le hasard se chargea de tout raccommoder. Nous nous retrouvâmes à minuit, errant dans les rues de Skien ; l’Autrichienne furieuse fut rendue au