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la société. Car ce soir le premier ministre de la Norvège reçoit les députés et sénateurs venus des parlements de l’Europe et des États-Unis pour travailler au progrès des relations internationales, ainsi que les membres de leurs familles qui les accompagnent.

De notre hôtel, nous nous y rendons pédestrement, comme de bons républicains, sans autre guide, pour gagner la maison du ministre, que les nombreuses voitures roulant toutes dans la même direction. Cette réunion mondaine était rendue intéressante par la présence de nombreux parlementaires de nationalités diverses, aux titres pompeux, aux décorations multicolores. Mais deux personnages lui donnaient un éclat tout particulier : les deux grands penseurs et poètes norvégiens, Ibsen et Bjœrnson. Ibsen, les cheveux et la barbe blancs comme la neige, l’aspect d’un homme regardant en lui-même ; Bjœrnson, de large carrure, portant fièrement une belle tête, brillant causeur, connaissant parfaitement l’allemand et le français. Il adresse dans cette dernière langue, aux hôtes du ministre, une allocution pleine d’esprit, d’enthousiasme et d’idées neuves. Mme  Bjœrnson,