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EXPOSITION.

je charmais les ennuis de mon exil en faisant des recherches sur l’histoire. Je découvris dans une bibliothèque d’Allemagne un manuscrit qui contenait une histoire tirée des Quatre Évangiles, écrite en vers non rimés. Ce reste précieux d’antiquité francique, un des plus complets que nous ayons, est remarquable par la richesse, par la noble élévation du style, et par la forme particulière que l’auteur a donnée à sa versification, en la soumettant à l’allittération[1] qui paraît, ainsi que la rime, avoir pris naissance parmi les Francs. Le vif intérêt que m’inspira le manuscrit que j’avais découvert et transcrit, dirigea vers la littérature francique les études et les recher-

  1. Chez les Francs, l’Allittération est l’uniformité des lettres initiales dans les mots qui présentent les idées principales du même vers ; la rime est l’uniformité de son dans les syllabes qui terminent deux vers correspondants l’un à l’autre. Je n’ai rencontré l’allittération que dans trois ouvrages (*) qui appartiennent à la poésie carlovingienne. Cette forme, peu favorable au mouvement de la versification, ne paraît pas avoir survécu au siècle de Charlemagne ; la rime, au contraire, quoique inconnue aux anciens, a passé de la poésie des Francs, qui aimaient à s’en servir, dans celle de tous les peuples de l’Europe moderne.

    (*) Voyez pages 147, 155, 169.