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Premier Péché

groupés là précieusement, et qui nous parlent du passé dans un langage ému. Le petit Enfant-Jésus de Tadoussac, offert par les dames de la cour de Louis XIV, sourit encore dans sa toilette de satin enrichie de fines broderies d’or ; il est toujours joli, et les mamans admiratives peuvent encore s’écrier en contemplant, avec amour, leur blanc mignon, tout rose de baisers : Il est beau comme l’Enfant-Jésus de Tadoussac ! Et après cela, il n’y a plus rien à dire.

Nous remarquons aussi dans la petite chapelle, des toiles signées Beauvais et Foucher ; puis une pierre commémorative à la mémoire du R. P. de la Brosse, le saint missionnaire du Saguenay. Un minuscule chemin de la Croix a vu aussi bien des dévotes extases, et combien de pauvres âmes ont jadis pleuré devant cette auguste révélation de l’affreux martyre.

À quelques pas de ce pieux vestige d’anciens temps, se dresse dans toute la fierté moderne, l’hôtel de Tadoussac Le site est unique, et d’un gracieux achevé. Cet hôtel est bâti sur une petite élévation, avec à ses pieds le fleuve qui vient se bercer dans une superbe rade, placée là tout exprès pour servir de port d’hiver, et qui en attendant fait les délices d’un public admirateur. De légères embarcations se balancent avec grâce, dans le bassin, pendant que sur la plage, s’agitent les gais baigneurs.

En face de nous, le Saint-Laurent promène fièrement ses vagues bleues, les inclinant avec la grâce d’un grand seigneur, devant la jolie souveraine qui l’enchante depuis des siècles. À notre gauche, les masses sombres du Saguenay se profilent dans ce clair paysage pour ajouter la note d’ombre nécessaire à la perfection d’un tableau.

Tadoussac est gentiment bâti, les villas y sont blanches et coquettes, sises au milieu de frais bocages. On y remarque un superbe parc, séjour poétique où les ombrages tamisent le beau fleuve bleu, irradié des splendeurs ensoleillées. Le joli village nous réserve des surprises ravissantes, ici un petit bois où chante le ruisseau, là une miniature de lac bordé d’aulnes, plus loin une vallée ombragée où modulent les musiciens aériens, et c’est ainsi toujours joli, toujours aimable. Et dire, qu’il faut encore s’en aller… Ô vie !…

Un bon mot du vieux, vieux presbytère de Tadoussac, une relique celui-là aussi, et modeste qui se dérobe entièrement derrière de gros arbres, comme ces vieillards se retirant de nous et qui, à notre appel secouent leur blanche tête. Nous ne sommes plus du temps ! N’est-elle pas triste cette modestie-là !

Mais le bateau lance son cri strident d’appel. Et vite. Un regard aux gros saumons qui s’agitent dans la petite anse, ils sont