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Premier Péché

Puis, affolée, je fuis ; mes pas résonnent dans ce silence avec le bruit sourd des cercueils que l’on descend dans les fosses. Dans le jardin, des fleurs ont poussé seules, elles sont blanches, de celles que l’on cueille sur les tombes !

***

C’est fini, je m’en vais, mes amis sourient à mon départ, mais ce n’est pas le regard épanoui du retour. Mon Dieu, pourquoi s’en aller ?… Et mes lèvres grimacent gaiement, mais je sens tout mon moi qui pleure… et je ris !

Avec mille grâces, le bateau incline sa fine coque : son salut d’adieu… les mouchoirs s’agitent dans le dernier bonjour. D’un regard j’embrasse toutes les merveilles étalées devant nous, puis je ferme les yeux pour ne plus voir que dans mon âme.

Je croyais tout emporter… et je sens que j’ai laissé là une partie de mon cœur, celle que l’on ne saurait enlever des lieux où l’on a été heureuse, où enfant, on a connu la vraie, la chère affection bien tendre, celle qui rayonne de l’enfance à la vieillesse.