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Premier péché

comme choses dues, on oublie de vous remercier, et si parfois votre doux visage s’assombrit des ennuis de vos idéals détruits, on vous flagelle de ce mot qui devient une insulte, tant on le fait blessant : Vieille fille !

Chères jeûneuses d’amour dont la vie es un carême de tendresse, on vous laisse dans votre coin : les réunions ne sont pas pour vous, les gâteries ne sont pas pour vous… On vous demande tout, pour ne rien vous donner.

On ne voit pas l’auréole que vous met au front la couronne de toutes les sanctifications, vous êtes les douces saintes de la vie, chères vieilles filles, que l’on accuse parfois d’égoïsme, quand, lasses de vous donner sans cesse, vous vous repliez, fatiguées, pour un court repos.

Oui, vous êtes des saintes ignorées, qui mettez le rayonnement de vos âmes candides aux foyers où vous tenez la plus petite place, semble-t-il, jusqu’au jour où, vous endormant à jamais, la maison en paraît toute vide. Tout est bien manque dans vos simples vies, douces femmes…

Chères vieilles filles, je vous aime de toute la tendresse que l’on oublie de vous donner.