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Premier Péché

des Bretons ! Braves héros, dont le sang bout dans nos veines, merci de ce que vous y avez mis de noble fierté !

Le lendemain, réveillée à la première heure, la petite Bretonne s’enfonça sous les feuilles rose et or des grands arbres ; elle s’en para, elle en jeta coquettement dans le blond de sa chevelure, en cercla le nacré de son cou, et en entoura la blancheur de son bras. Ainsi parée, elle sourit à Jean, et radieuse, se penchant vers lui, semblable à la fée des bois, elle lui mit au front la caresse matinale.

— Que tu es jolie, bruyère rose de Bretagne, ainsi parée de la feuille d’érable canadienne ! Et ensemble, ils posèrent les lèvres sur l’emblème qui devait, d’enthousiasme, faire battre le cœur canadien !

Un peu plus tard, dans les mêmes décors.

Marie, la gentille Bretonne, presse sur son cœur le cher petit être né tantôt. Jean pleure de bonheur, en regardant ses deux amours ainsi réunis.

Il faut un berceau pour le chéri.

Jean entasse les feuilles d’érable, et sur ce verdoyant fouillis, l’enfant repose avec, pour dentelles, l’emblème d’une race. Dors, petit être, chantonne la mère, souris aux anges, et rêve toutes les espérances dans ton berceau vert !

Tous les petits Bretons rêvèrent ainsi, la feuille d’érable sourit à leur premier regard, et pour avoir dormi dans ses bras, ils étaient de vrais Canadiens.

Les sauvages ignorèrent leur retraite, Jean et Marie n’y pensaient pas. Toujours s’aimant, ils s’asseyaient le soir au bord des flots, plus ravis encore de cette musique que de celle entendue là-bas, dans les galets bretons. Les érables chantonnaient leur patriotique refrain et les petits Bretons, poussés sur les feuilles du pays, chantaient avant tous les poètes :

Ô Canada, mon pays, mes amours !


***


À la France


Cœurs français, soyez bénis d’avoir versé sur nos rives sauvages la pure semence de votre dévouement, de votre héroïsme. Vous nous avez jeté de votre poussière glorieuse, vous nous avez donné votre âme, vous nous avez créés du meilleur de vous-mêmes, vous nous avez aimés. Et l’emblème national, nous le baisons dans un hommage vers vous, qui avez souffert à son ombre, et qui dans le