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Quand de l’horrible nuit naîtra le doux réveil,
Ô France ! parmi ceux qui sèmeront des roses
À tes pieds et viendront, alertes virtuoses,
Célébrer ta victoire, et te demanderont
Un brin de ton laurier pour en parer leur front,
France ! les déserteurs, les traîtres au cœur lâche,
Ceux qu’on aura vu fuir devant la noble tâche,
Ceux qui, pour épargner leur maison et leur sang,
Auront plongé, ceux-là seront au premier rang.
Et lorsque tes vrais fils, mains vaillantes et sûres,
Silencieusement panseront leurs blessures,
Jouissant de ta joie et graves à l’écart,
Les autres à grands cris réclameront leur part
Dans le triomphe auguste, et ces geais vils et chauves
Prendront alors des airs de matamores fauves
Et diront : « J’en étais ! » en parlant des héros !

Non ! quand je vois qu’on tombe aux genoux des bourreaux,
À cette heure d’angoisse où mon pauvre village
Désarmé subira peut-être le pillage,
Demain, ce soir ; à l’heure où, pendant que ces vers
S’échappent de mon cœur navré, court à travers
La forêt un frisson de honte et d’épouvante ;
Quand j’entends résonner sur la terre mouvante
Le sabot des chevaux prussiens ; au milieu
De ce pays couvert de chaumières en feu,
Je vous dénoncerai du moins, ô lâches villes,
Prêtres fourbes, préfets couards, maires serviles