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Arrachant les fusils des mains des habitants,
Ouvrant à l’ennemi la porte à deux battants !

Ô triste Normandie ! oh ! je pleure de rage
En songeant que ton sol sans gloire et sans courage
Est le mien ! que c’est là que j’ai grandi ! Vraiment,
Si je vis, je ne veux plus me dire Normand !
Depuis hier Évreux et Rouen, sans bataille,
Rendus, vendus, livrés, foulés comme la paille
Sous les pieds des uhlans ivres-morts ! Lieux maudits !

Pierre Corneille a vu, sous ses yeux interdits,
Défiler en chantant les soldats de Guillaume.
Bronze auguste ! ô romain ! ô sévère fantôme,
Ô grand homme inflexible en ton honneur abrupt,
Vois ce que ton pays fait de ton : « Qu’il mourut ! »

Les ouvriers voulaient courir aux barricades,
S’embusquer dans les bois, tendre des embuscades ;
Ils étaient désarmés, on n’avait plus le temps !
Car l’ennemi venait, joyeux, tambours battants.
Pendant que les soldats, sur une fausse route,
Trompés, trahis, vendus, se tenaient à l’écoute.
Cela s’est fait, c’était d’avance comploté !
Par qui ? — maire ? préfet ? évêque ? ô lâcheté !
Un ancien sénateur, un nommé Bonnechose ?
Qui donc a résolu l’abominable chose ?
Oh ! que ces Rouennais sont bien les fils de ceux