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C’est la tombe verte où ton père
Ne se sent pas abandonné ;
Le lieu saint qui te dit : espère !
Le berceau de ton premier né !

O paysan de Normandie !
Te faut-il répéter cela,
Fils de Rollon, race hardie
Que toute aventure appela ?

Prends ton fusil, entre en campagne,
Dépouille les doutes amers,
Toi qui fis trembler Charlemagne,
O mon vieil écumeur de mers !

Le prussien hurle à ta porte,
Prends ton fusil. Ne reste pas,
Comme si ton âme était morte,
Inerte et te croisant les bras.

Prends ton fusil, saisis ta fourche !
Derrière les bois, les récifs,
Embusque-toi ! Sois brave ; enfourche
Ton vieux cheval aux reins massifs.

O paysan ! Tu m’épouvantes ;
Est-ce que tu n’as plus de cœur ?
Ainsi que les pâles servantes,
Ne sais-tu que blêmir de peur ?