Oui, France ! Même en deuil et sur tant de victimes
Promenant lentement ton regard triste et fier,
Et penchée au bord des abîmes,
Je te préfère encore à la France d’hier ;
À la France joyeuse, à la France éclatante
Où, comme des serpents, rampaient les délateurs,
Où la vénalité contente
Mêlait dans son bazar filles et sénateurs.
Et pourtant, cette France à voir était superbe ;
Elle gaspillait l’or, elle chantait gaîment,
Elle avait au front une gerbe
De strass qui remplissait l’œil d’éblouissement ;
Musiques, danses, chants, personnages obliques,
Ministres frauduleux décorant des forçats ;
L’honneur, les libertés publiques
Ayant pour tout refuge ou Bicêtre ou Mazas ;
La presse basse et vile ou sinon muselée,
Ayant pour noms Tarbé, Wolff, Aurélien Scholl,
Ainsi qu’une grue affolée,
Riant de voir tomber les vaincus sur le sol !
Fard, paillettes, clinquant, velours, robes de soie,
Orgie, oubli de tout, ni pudeur, ni remord ;
Oui, mais sous toute cette joie,
On sentait vaguement comme une odeur de mort.
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