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S’ouvrent pour t’absorber. Ô poète, je t’aime !
Je veux passer la main dans les rares cheveux
Qui restent sur ton front pur, que Siraudin même
Ne désavouerait pas. Ô mon amant ! je veux
Une nuit, folle, ardente, et qui rende jalouse
L’ombre de Cléopatre, ou Madame Collet !
Morpions d’or semés dans la verte pelouse,
Vois-tu les vers luisants ? Plus blanche que du lait,
Ma gorge aux blancs rayons de la lune étincelle,
Et mes yeux sont brillants, et tu sais que j’excelle
En ces combats divins d’où le poète sort
Superbe, radieux et vainqueur de la mort !

LE POÈTE

Ô Muse ! idéale amoureuse,
Va-t’en ! Je ne donne plus dans
Ces ponts vieillis et ces godans !
Ô Muse ! assez de viande creuse
Est venue agacer mes dents !

Assez de gorges symboliques !
Je ne veux plus m’égarer sur
Un con fait de vague et d’azur !