Or, en ce temps de gorges plates
Et de réalistes mesquins,
Où l’on nous fait aimer des lattes
Qui flottent dans leurs casaquins,
C’est un bonheur pour nous, Marie,
Que de vous voir, vous qui pouvez
Montrer à notre idolâtrie
Des bras aux contours achevés.
Laissez les femmes qui sont maigres
Grimper au plus haut de leur cou
Et vous suivre de leurs cris aigres
Comme une trompette d’un sou !
La beauté clémente et sereine
N’a pas de trésors inconnus :
Comme l’esclave dans l’arène,
Elle expose ses charmes nus.
En plein jour, comme dans l’alcôve,
Elle montre tout simplement
Sa jambe et sa crinière fauve,
Et son torse grec ou flamand.
Je sais bien que l’on nous objecte
Quelques mots vagues de vertu…
Qu’importe à la forme correcte,
Au profil de grâce vêtu ?
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