l’avenir… Elle va être ma femme, elle m’aime ; elle me l’a dit devant les êtres chers qui font l’amour sacré et le changent en devoir. Ma mère l’appelle sa fille et j’ose à peine la regarder. Je suis heureux d’avoir été malade ; cela me fait comme une seconde existence qui est tout à elle. »
Je suis heureux d’avoir été malade. J’ai retrouvé tantôt cette pensée exprimée avec une force bien douce par un grand écrivain qui eut ses âpretés et ses rigueurs, mais aussi ses chaudes effusions, et qui sentit bien profondément, lui aussi, l’amour dans le mariage. Michelet, malade à Nervi, écrivait dans des pages récemment publiées par sa veuve :
« J’ai soupçonné toujours que ce qu’on nomme maladie ou dérangement des fonctions, cela même est une fonction. La maladie apporte avec elle bien des sentiments, des idées, qu’on n’eût jamais eus en santé ; elle nous fait mieux voir bien des choses que l’entraînement de la vie, le cours rapide de l’action et l’éblouissement où elle nous jette, nous empêchaient de distinguer[1]. »
- ↑ Le Banquet.