s’aime ! et comme il est vrai que les plus grandes amours sont composées, minute par minute, de petites aventures pareilles à celle du plat d’étain.
La lettre suivante exprime la même joie, mais réfléchie et méditée, ou, pour dire plus justement, remâchée et savourée :
« Nous attendions votre lettre avec impatience,
afin de savoir où vous écrire. Ici nous allons tous
bien. La joie a fait pour moi plus qu’une année
de remèdes. Emma boit de l’eau de goudron
comme un ange et ça lui fait un bien dont elle
se ressent… »
Je m’arrête et le lecteur s’arrêtera avec moi pour sentir tout ce qu’il y a de charmant et de pénible dans l’illusion de ces deux êtres excellents qui s’aiment, qui vont mourir, atteints du même mal, et qui, heureux l’un par l’autre, se croient l’un et l’autre sauvés. Mais se trompaient-ils tant, après tout ? Est-ce que les heures d’amour ne sont pas les seules qui comptent dans la vie ? Qu’importe que