À Jacques de Launay. 339 L’ami qui f écrit, enfant, fait t !e même. Il est tr es-content quand, au bout d’un jour, Dans un clair sonnet, dans un frais poème, Il a fait passer un éclair d ? amour. Ça n’a l’air de rien, petit, cette chose De jeter ainsi son cœur en des vers, De parler des champs avec qui l’on cause t Votre vie en va toute de travers. On souffi-e beaucoup quand cette folie Vous vient limiter tous ces gueux défunts Chez qui l’auréole au carcan s’allie, Et qui du fumier tiraient des parfums. Et pourtant, plus tard, lorsque, beau jeune homme, Tu verras s’ouvrir la vie à tes yeux ; Quand tu comprendras ces choses qu’on nomme : Amour, Foi, Vertu, mots religieux ! Si tu vois venir P étrange Sirène Qui porte la Lyre auguste en ses bras Et vers le rocher sacré nous entraîne, Suis-la, mon enfant, ne recule pas. Et tu souffriras, et des larmes rouges Voileront tes yeux, et tu chanteras La splendeur du ciel, peut-être, en des bouges Pleins de scorpions grouillant sous tes pas.
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