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About, qui ne sentait point ses reins assez forts,
Se retira.
Se retira. Le vieux Guéroult, sombre et farouche,
Resta seul. Aucun mot ne tombait de sa bouche :
Un numéro faillit se trouver en retard.
En vain on lui donna Deschamps et Villetard,
Rien ne put arrêter la source lacrymale
De ses yeux ; il disait à l’École normale :
« Rends-le-moi ! » Quelqu’un dit, pour consoler son cœur :
« Mettons, au lieu d’About, un autre chroniqueur. »
Le Temps survint.
Le Temps survint. Soudain un nouveau bon jeune homme
Parut, qui rappelait Biéville. Mais comme
Il s’avançait, Guérouît s’écria vite : « Non !
Je ne veux même pas qu’on me dise son nom ! »
Mais tout à coup, pendant que, droit comme une borne,
Immobile, il songeait, pâle, pensif et morne,
Moins au Sarcey présent qu’à l’About disparu,
Et demeurait plongé dans son chagrin accru,
Ô doux miracle ! ô feuille au bonheur revenue !
Guéroult, en relisant une prose connue,
Entendit le Sarcey qui lui disait tout bas :
« Tu regrettes About, c’est moi, ne le dis pas ! »


Paris, août 1861.