Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Vos yeux toujours baignés de hautaines lumières
Ne s’abaisseront pas sur moi ; je sais aussi
Qu’on ne verra jamais sur ses bases altières
Votre inflexible orgueil par mes chants adouci.

Que m’importe cela, pourvu que je vous voie !
Artiste, tout me doit laisser insoucieux ;
Le rhythme est mon désir, la cadence est ma joie,
Et je ne sus aimer jamais que par les yeux ;

Et je veux que mon cœur lui-même se durcisse
À l’éternel contact des pierres, pour, plus tard,
Promenant le ciseau sur son bloc ferme et lisse,
Rectifier sa forme, ouvrage du hasard.


Les Petites Amoureuses.


     Est-ce vous que j’aimai la première, Lucile,
Lorsque j’eus mes quinze ans ? est-ce vous, indocile
Écoliere, toujours courant par les buissons ?
Ne serait-ce point vous, Laurette ? Vos chansons
Étaient d’un rossignol qui chante sous la nue,
Et nous admirions tous votre grâce ingénue.
Mais Suzanne était blonde, et Suzanne pouvait
Dire aux pêches : « Voyez si votre fin duvet