Par les âpres déserts que la flamme calcine,
Par les noires forêts où les fauves ont peur,
Où dort dans les poisons la vipère assassine,
Par les pôles perdus où la glace dessine
Ses aiguilles sans fin sur un fond de vapeur,
Elle veut que l’on aille au-devant des épreuves,
Et baise sur le front le vainqueur obstiné
Qui, cherchant a frayer, au loin, des routes neuves,
S’est livré, confiant, au hasard des grands fleuves
Et revient glorieux d’un monde nouveau-né !
Comme vous, autrefois, vers les rives lointaines,
Ô maître ! nous partons, jaloux d’entendre aussi
La foudre se mêler aux chansons des fontaines,
Et de fouler avec nos semelles hautaines
Les flots de l’Océan sous nos pas adouci.
Nous sommes bien vos fils, ô lutteurs athlétiques,
Qui couriez sans faillir aux combats renaissants,
Amants libres et forts des vierges romantiques,
Qui saviez émouvoir les roches granitiques
Par Faccord mâle et fier de vos nobles accents !
Celui que les lions ont nourri de leurs moelles
Se rappelle pour nous le chant d’Eviradnus ;
Véronique apparaît, blanche dans ses grandes voiles,
Atta-Troll lourdement danse sous les étoiles,
Et la mer apaisée enfante encore Vénus !
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