Viens les chercher, Mignonne. Il est sous les feuillages
Un cabaret charmant, près de Ville-d’Avray ;
Une vigne s’enlace au bois vert des treillages :
Là de ton doux regard souvent je m’enivrai.
Ô ma belle, ô ma blonde ! une gaîté céleste
S’épanouit en l’air et brille sur nos fronts !
Passe ton bras au mien et lève ton pied leste,
Et de l’amour épars nous nous abreuverons !
Viens ! nos baisers joyeux, échangés sans contrainte,
Retentiront longtemps, libres, roses, ailés,
Dans une interminable et ravissante étreinte,
Où les âmes, les sens, les cœurs, seront mêlés !
Ô songe disparu ! Je n’ai plus d’amoureuse,
Je n’ai plus de maîtresse et je bâille d’ennui !
Un souvenir amer, qu’incessamment je creuse,
Seul me dit quelquefois que le soleil a lui ;
Et, les sens tourmentés d’une fièvre charnelle,
Je me suis dirigé vers la triste maison
Où veille, nonchalante et morne sentinelle,
Celle dont les baisers me seront un poison !
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